Chronique de ce diable de Robert Scotto
Famille nouvelle, orientations à Pâques.
« La famille rêve de Dieu » nous dit Mgr Carré,
archevêque de Montpellier, ce soir-là, à la Maison diocésaine en ouvrant sa
conférence-conversation avec Marie-Pierre Teisserenc, responsable de la
pastorale de la famille en Hérault. Trois salles communicantes furent ouvertes
pour accueillir la très nombreuse assistance. Cette expérience fut renouvelée
deux heures plus tard, pour satisfaire tout le monde, après une brève rencontre
autour d’un buffet vin-fromage servi dans le grand hall.
Mais pourquoi ce thème choisi de la famille ? Elle
n’est pas chose nouvelle. Dans l’antiquité romaine, elle comprenait l’ensemble
de la parentèle. La « familia » regroupait même, autour du pater
familias, chef et patron, serviteurs et employés de la maisonnée.
Comme du reste autour de nous, au cours des siècles,
l’évolution naturelle a joué son rôle. Le bien connu « Familles, je vous
hais », cri lancé par le secrétaire
d’André Gide, en 1892, n’est pas oublié bien que l’essai qui le portait ne se
fut vendu qu’à cinq cents exemplaires, cri qui fit tintamarre.
Aujourd’hui chacun de nous peut constater que les familles
ont perdu beaucoup de leurs repères. A tel point que le Pape François a réuni
fin 2015, un synode tout spécial pour « réfléchir » à ce qu’il
convenait de faire, afin que cette « cellule-base » de notre société
continue à jouer le rôle essentiel qui fut toujours le sien. En deux
mots : moderniser la famille du XXI siècle.
Témoignages et propositions des évêques furent donc entendus
au Vatican, et les discussions, nous confie Mgr Carré, vice-président de la
conférence des évêques de France, furent parfois ardues.
Rien d’étonnant à cela car les sujets évoqués font rarement
unanimité sur la façon de les traiter. En quatorze points, le synode a examiné
les problèmes du couple moderne désuni, des familles éclatées, recomposées, des
divorcés dans l’Eglise, du sort des enfants tiraillés, du mariage pour tous… et
hélas aussi, de l’affaiblissement notoire de l’importance du sacrement de
mariage, avec une « préparation » pas toujours parfaitement adaptée.
Que le débat des évêques devant le Pape n’ait pas toujours
été facile, ne peut surprendre personne.
Cependant le synode parvint à s’accorder sur un texte de
synthèse au cours d’une séance que
présidait Mgr Carré, et qui fut soumis à un vote.
Le Pape François doit maintenant prendre ses décisions et
nous donner ses orientations pour l’avenir à propos de ces problèmes forts
délicats. Nous les connaîtrons fin mars, au temps de Pâques, symbole chrétien
le plus puissant.
Robert Scotto.